La même chose
1er tirage 1993, 2e tirage 2007
15,6 x 23,8cm, 43 p., 11 €, isbn : 2-9526915-1-7

La même chose
 
Toujours la même chose
 
Vivait en se multipliant
    préface
    1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 

Préface

L’essai qui commence a trait à la vie et à la mort. Il provient de dessins pris au crayon dans les carnets d’un mois de juillet passé sur les sentiers d’Ouessant, dessins repris à la plume par la suite, cherchés, décomposés, recomposés, réinterprétés, réinvestis à l’atelier. Plus précisément, Vivait en se multipliant est né de l’horreur d’une charogne qui barrait l’un des sentiers côtiers de l’île, un matin de soleil et de vent léger, où rien ne semblait appeler la mort. Le cadavre, affreusement baudelairien, est resté sur son promontoire face à la mer, pendant tout le temps de mon séjour, provoquant à chaque passage par cet endroit la même répulsion, mais aussi le même désir de regarder, d’enregistrer, de transcrire et de transfigurer ce qui s’opérait là de décomposition et de pullulation, malgré la puanteur du lieu et l’incongruité de s’y arrêter.

Plus loin sur le chemin, des moutons broutaient, vivaient et recommençaient, regardaient la mer, se ressemblaient et recommençaient avec une infinie douceur. Le prolifique, éphémère, se rapprochait du grégaire, éternel, et les questions qui demandaient où nous allions, nous décomposant, nous recomposant, mourant à tout moment pour revivre aussitôt, rejoignaient les questions demandant qui nous étions, nous individualisant, nous fondant les uns dans les autres pour nous isoler de nouveau à chaque instant.

anne sizaret, juin 2007