Sur la lecture 1er tirage 1989, 2e tirage 2007 20,4 x 14,7 cm, 43 p., 11 €, isbn : 2-9526915-0-9 |
Ainsi se termine
ce que je voulais montrer en défense de la variété
des manières de lire. On voit dans ce qui précède qu'il
s'agit moins de rendre hommage à leurs différences, par esprit
de tolérance, que de faire valoir ce que les composer entre elles
ouvre à l'esprit. Ce n'est donc pas un exercice désespéré.
Le sujet du livre incitait à renoncer à décrire ce
qui change peut-être à chaque lecture. De là le choix
de proposer un texte écrit en dessin, une composition de traits,
où le lecteur éprouve au silence ses propres interprétations.
En définitive, le livre donne à prendre une place vivante
et contestable, qu'on peut appeler une place de dessineur, afin
de rapprocher par ce mot ceux qui savent aimer le dessin, ou le susciter,
et ceux qui en composent ou en interprètent. Il fallait un frère
aux mots poète et musicien.
Pour encourager les démarches de lecture à s'affirmer et décourager
la tentation de suivre une histoire, la méthode choisie voulait que
les dessins découpés par la lecture paraissent familiers et
apparentés. Et que le livre de dessin émancipé du manuscrit
originel se lise comme on lit une partition de musique, de page en page,
et en même temps, comme on feuillette un polyptyque, de-ci de-là.
En sorte que la trame paraisse nouvelle. Au fond, le livre ne cache pas
d'énigme à deviner : il ne le mériterait pas, puisque
je veux montrer qu'il faut jouer des manières de lire si nous voulons
consoler nos solitudes d'avoir tellement besoin à la fois de repères
et de nouveautés.
Paris, septembre 1989
Venise, décembre 1989